Plasticocène: l’art pour alerter sur la pollution plastique dans le milieu aquatique

Le collectif “POLYMER” lance sa nouvelle exposition, Plasticocène, à la Friche Belle de mai à Marseille, qui se déroulera du 16 février au 27 mai 2023. Cette année, les artistes ont eu carte blanche pour aborder la pollution plastique dans le cycle de l'eau, tout en utilisant comme matière première des déchets plastiques collectés lors d'opérations de ramassages.

Publié le 02/03/2023 (mis à jour le 31/03/2023)

Le collectif “POLYMER” anciennement nommé Plastic Art Fair, a été créé en 2021 par Jan Berger et rejoint par le vidéaste Édouard Granero. Le collectif regroupe aujourd’hui des artistes contemporains, entrepreneur·euses, scientifiques, tous·tes passionné·es d’art. Leur objectif est simple : sensibiliser sur l’impact de la pollution plastique par la création d'œuvres d’art. Mais pas n’importe quelles œuvres d’art, puisqu'elles sont créées à partir de déchets abandonnés en plastique collectés sur les littoraux et en mer Méditerranée. Pour ce faire, le collectif POLYMER travaille en partenariat avec plusieurs associations dont MerTerre, mais aussi 1 déchet par jour, Palana Environnement, Precious Plastic Provence ou encore Sauvage.

Dans ce cadre, MerTerre apporte son soutien au collectif via plusieurs actions. Tout d’abord, en faisant appel au réseau local associatif de collecteurs de déchets sauvages comprenant des associations telles que Wings of the ocean ou 1 Déchet par jour, avec lesquelles elle fournit des déchets plastique à Polymer. Ensuite, MerTerre apporte un soutien administratif et transmet son expertise sur la problématique des déchets sauvages en milieux naturels, en particulier marins. Chaque année, le collectif POLYMER propose ensuite aux artistes de réaliser des œuvres à base de plastique, en lien avec le thème annuel de l’exposition. Ces œuvres seront ensuite vendues au public. Jan Berger et Édouard Granero souhaitent également que chaque collectionneur.euse devienne “ambassadeur·rice” par la création d’un cercle vertueux. Les œuvres conçues à partir de plastiques ramassés sur les plages permettent de financer des actions de terrains et une réponse globale et concertée au problème des déchets sauvages diffus.  
En effet, le collectif POLYMER reverse 30% de son chiffre d'affaires à MerTerre, pour lui permettre de développer ses actions de sensibilisation auprès des jeunes publics et d’accompagnement des collectivités territoriales sur la problématique des déchets sauvages diffus.

La plateforme Zéro Déchet Sauvage pensée et coordonnée par l’association MerTerre, co-conçue avec le Muséum National d’Histoire Naturelle et financée par le Ministère de la Transition Écologique et la Région Provence Alpes-Côte d’Azur a été développée à partir de la plateforme pilote ReMed Zéro Plastique. Ces deux plateformes ont pour objectif de fédérer, valoriser et coordonner les actions de tous les acteurs luttant pour la réduction des déchets sauvages abandonnés pouvant aboutir dans les milieux aquatiques terrestres et marins.

En 2021, une première exposition est organisée à Saint Tropez, par le collectif sur le thème de “l’Empreinte”. L’idée est d’illustrer l’impact que l’espèce humaine a sur son environnement en ciblant particulièrement le fléau que représente la surconsommation. Des artistes sont mis en lumière comme James Shaw qui expose pour la première fois en 2021 ses amphores crées à partir de déchets plastique fondus puis remodelés. 

Selon Jan Berger, les artistes transforment des objets du quotidien en objets devenus presque “sacrés” via l’art. Cette transformation permet de faire passer des messages clairs, que tout le monde est à même de comprendre et d’initier une réflexion pertinente chez le public.  Le court métrage d’Édouard Granero  “ Les larmes des sirènes” est également diffusé à l’occasion de cette exposition.

Par son titre, le court-métrage fait référence aux granulés plastique d’origine industrielle qui s'échouent sur les plages et polluent les milieux aquatiques. Le court métrage traite des limites de notre système de production et consommation actuel, sur un ton tout autant alarmiste que poétique.  Celui-ci est visionnable via ce lien: https://vimeo.com/671070172 

En 2022, l’exposition “ Fantôme: transformer la matière du passé” s’est tenu de nouveau à Saint Tropez. L’accent est mis particulièrement sur les filets de pêches abandonnés, autrement appelés “filets fantômes”. Ces filets illustrent la longévité des matériaux plastiques et leur capacité à venir nous “hanter” alors qu’on les croyait disparus.

Pour l’occasion, une grande action a été initiée en partenariat avec Palana Environnement et le collectif Guangui, consistant à prélever un filet fantôme au large de La Ciotat, qui étouffait un récif corallien par plus de 82 mètres de fond.

En cette nouvelle année 2023, le collectif POLYMER lance une nouvelle exposition, qui aura lieu du 16 février au 27 mai 2022, à la Friche Belle de mai à Marseille, à la galerie “Salle des machines”. Cette nouvelle exposition qui s’intitule “Plasticocène”, prend pour thème la pollution des eaux par les déchets plastiques. En effet, le titre a été choisi pour faire référence à une sous-époque de l’Anthropocène, autrement dit l’ère géologique actuelle au cours de laquelle l’activité humaine a été l’influence dominante sur l’environnement. Cette sous-époque serait celle du plastique polluant les milieux aquatiques.

L’eau est un vecteur de transport de ces types de déchets qui sont transportés depuis les rivières d’eau douce jusqu’aux océans, en passant par les nappes phréatiques. Le cycle de l’eau maintient les traces de notre consommation et in fine, de notre pollution. Nos déchets plastiques se transforment avec le temps en microplastiques et s'immiscent peu à peu dans la chaîne alimentaire.

Parler de “Plasticocène” pour le collectif POLYMER, est un moyen de décrire l’ampleur du problème et d’alerter sur l’urgence d’agir. “Chaque création devient alors le symbole d’une régénération de notre planète et un acte de préservation concret qui relaye le plastique au rang de matière du passé.” 

C’est cette empreinte que laissent nos déchets plastiques qui est mise en lumière à travers les œuvres de plusieurs artistes de styles tous bien différents. Lors de la Plasticocène, vous retrouverez Museo Aero Solar, Thomas Mailaender, Southway Studio, Côme Di Meglio, Elvia Teotski, Coline Le Quenven, Maxime Verret, James Shaw, Marion Flament, Wendy Andreu, IGO Studio, NSDOS, Gangui Collectif, Ateliers Laissez Passer.

Par exemple, Marion Flament se sert de fragments de feux et phares de voitures échoués et retrouvés sur les plages, qu’elle fait fondre pour réaliser des vitraux. Wendy Andreu utilise quant à elle des restes de filets échoués comme matière première pour ses œuvres.

Retour sur un temps fort de l'exposition, la Conférence-débat “Lame de fond”:

Le 18 mars dernier, plusieurs militant.e.s et collectifs ont été invité.e.s pour échanger sur les enjeux de la protection de la ressources en eau, comme bien commun. Étaient présentes les collectifs Stop Carrières Mazaugues, la CluZAD, et Stop Croisières. Des personnalités engagées y étaient aussi comme Elvia Teotski (artiste plasticienne) , Arthur Eskenazi ( dramaturge et conseiller artistique de Mer Plastique ) et Christophe Labas-Lafite ( comédien et metteur en scène de la Cie bleu). Cette table ronde, animée par Samuel Wahl pour Mediavivant, avait pour but de connecter les militant.e.s, partager sur les stratégies mises en place, échanger sur les connaissances et anecdotes vécues. La conjugaison des perspectives partagées s'est accompagné d'un élan d'espoir et d'inspiration, mais aussi de coopération sur la question écologique entre les acteurs présents. 

Si vous avez manqué cet évènement, pas de panique car d'autres temps forts vous attendent ! 

  • 1er et 2 avril : Vente de vêtements écologiques et solidaires organisée par Atelier Regain et Frip’Insertion  1er mars et 26 avril: Ramassage de déchets dans le quartier de la belle de mai
  • 3 mai: Atelier transformation de déchets plastiques & Loto (avec Precious Plastic Provence)
  • 13 et 20 mai : Gonflage et envol de la montgolfière Aerocène avec le collectif Museo Aero Sola. Cette montgolfière sera réalisée de façon collaborative, puisque le public sera invité durant 9 sessions à confectionner un patchwork de sacs plastiques formant une bulle géante.

Alors, RDV à la Galerie de tous les possibles, à la Friche la Belle de Mai au 41, rue Jobin - 13003 Marseille pour découvrir cette exposition qui vaut le détour! La Galerie de tous les possibles est ouverte le mardi, jeudi et vendredi de 15h à 18h, et le mercredi et samedi de 11h à 19h. 

Sources: